Turbo - Judas Priest [Heavy Metal - 1986]

------------------------ Présentation de Judas Priest: ------------------------

Judas Priest est un groupe de Heavy Metal britannique formé en 1969 par le guitariste K.K Downing en compagne du bassiste Ian Hill. Le nom du groupe est tiré d'une chanson de Bob Dylan: The Ballad of Frankie Lee and Judas Priest . Il fait partie avec Black Sabbath, des tout premiers groupes du genre et reste au fil des années très influent dans le milieu notamment grâce à Rob Halford (le chanteur), ses deux guitaristes solistes et l'utilisation d'effets pyrotechniques avancés. Judas Priest est cité d'ailleurs comme une des références prinicipales du bassiste Steve Harris, membre fondateur d'Iron Maiden. Les ventes de Judas Priest sont évaluées à plus de 30 millions d'albums. L'Epitaph Tour, actuellement en cours, est annoncée par le groupe comme leur tout dernière grosse tournée mondiale. Elle est notamment marquée par l'absence de K.K Downing dans le line-up, celui-ci s'étant retiré un mois avant le début de la tournée. Richie Faulkner le remplace.

------------------------ Tracklist de l'album: ------------------------

1- Turbo Lover
2- Locked In
3- Private Property
4- Parental Guidance
5- Rock You All Around the World
6- Out in the Cold
7- Wild Nights, Hot & Crazy Days
8- Hot for Love
9- Reckless

Nouveaux looks pour une nouvelle ère, Judas Priest revient en l'an de grâce 1986 avec un nouveau disque à la pochette ultra colorée: Turbo. A la base, il était destiné à être un double album s’appelant Twin Turbos composé d'une première partie avec des titres plus... enfin moins... Defenders of the Faith-iesque, plus dans l'air du temps on va dire. La seconde devait être plus violente, plus rapide mais en conservant les évolutions sonores de la première partie. Tout ce joli petit monde va sortir à deux ans d'écart: en 1986, Turbo (la "première partie") et en 1988, Ram It Down (la "seconde partie").

Pour bien commencer, Turbo Lover, la chanson titre. Synthétiseurs et guitares synthés seront donc au programme dans cet album ! Le son est moins lourd que sur Defenders of the Faith, on sent bien que Judas Priest nous a sorti un album plus léger dans la lignée d'un certain Point of Entry. Par chance, la qualité générale de la chanson n'est pas affectée ! Les couplets amènent progressivement les refrains que je jugerais très simples mais efficaces. On s'arrête un petit peu avant le solo qui à l'image des refrains proposés depuis quelques minutes est un récital de simplicité et d'efficacité. Judas Priest montre clairement que cet opus sera très axé sur la mélodie.

L'ambiance soft se répète dans le second titre: Locked In. Titre rapide mais d'un autre style que The Sentinel par exemple (qui était un monstre de puissance), Locked In propose de bons couplets et de bons refrains. Rob Halford prouve bien qu'il est encore là et que les Bruce Dickinson ou autre Biff Byford avec leurs spandexs multicolores n'ont qu'à bien se tenir. Le solo est sans prétention mais excellent, K.K. Downing et Glenn Tipton sont au rendez-vous ! Pas un très grand classique dans la discographie du Priest mais un oublié, ça c'est certain. De plus, c'était un titre qui avait une de ces patates sur la Fuel for Life Tour, je vous raconte pas.

Private Property début de façon synthétique avant un grand coup de gratte à l'ancienne. Halford emmènent les couplets à lui seul avant d'enchaîner sur des pré-refrains de bonne facture. Les refrains sont fédérateurs, les choeurs sont puissants. Le solo qui s'inscrit dans le veine des groupes des années 80 à l'image de Dokken ou de Ratt n'est pas ce qu'on retiendra le plus. C'est pas mauvais à entendre mais Downing et Tipton nous en sortis des solos, des solos impérissables et magiques ce qui n'est pas vraiment le cas ici. Un très bon titre, c'est carré et prenant.

Le quatrième morceau est Parental Guidance. Autant le groupe avait réussi à ne pas tomber dans du Hard FM aseptisé (pléonasme...) avec les trois précédents titres en conservant une certaine puissance et une ambiance caractéristique, autant avec ce Parental Guidance, on a juste envie de prendre le LP et l'envoyer valdinguer à travers la fenêtre. Musicalement ça tient la route mais ça témoigne quand même d'une Américanisation assez flagrante... Non le problème, c'est les paroles de pseudo-rebelle de 14 piges. Honnêtement les mecs... Judas Priest bordel...

Après Parental Guidance et ses paroles dignes d'un épisode d'Hélène et les Garçons, Judas Priest envoie Rock You All Around the World.Un titre qui aurait pu figurer sur Screaming for Vengeance ! L'intro est juste énorme, les couplets sont très bons et les refrains sont excellents. Pas de doute, on écoute bien Judas Priest. On appréciera surtout le break un peu après la moitié du titre où Halford, Downing et Tipton martèlent le refrain seulement accompagné par Dave Holland derrière ses fûts. D'ailleurs, le monsieur assure proprement son poste depuis le début (comme d'habitude en fait).

Récapitulons les cinq morceaux: un excellent, trois très bons, un qui est plombé par des paroles un peu nazes. Ma foi, le ratio est pas mauvais.

Sixième bastion de ce Turbo: Out in the Cold. L'intro au synthétiseur nous plonge dans une ambiance assez sombre avant les grands coups de Holland sur ses toms et c'est parti pour 6 minutes 27 très précisément d'anthologie. Oui d'anthologie. Un des meilleurs titres que j'ai pu écouter dans ma vie de fanatique extrême de Hard Rock et de Heavy Metal et Dieu sait que j'en ai écouté des merveilles et des morceaux de dingos. On a tout dans ce disque: un Rob Halford au sommet, Glenn Tipton et K.K. Downing qui assurent impeccablement, Ian Hill bien que discret fait du bon boulot et Dave Holland qui délivre pour beaucoup de fans du groupe sa meilleure performance sur un disque de Judas Priest. A mes yeux, on est pas loin du constat mais pour ma part, il atteint son paroxysme sur Freewheel Burning. A la fois sobre et ultra recherché, Out in the Cold a d'excellents couplets, d'excellents refrains et un solo épuré. Un grand moment.

Rock You All Around the World et Out in the Cold étaient deux coups de pieds dans les bijoux de famille coup sur coup. En tout cas, la septième position de la tracklist est attribué Wild Nights, Hot & Crazy Days. D'un style un peu plus "Américain", ce titre est un peu banal par rapport à ce que nous avons pu avoir quelques instants avants. Cependant, il ne faut pas cracher dessus: les couplets ont un bon niveau, les pré-refrains ne sont pas mauvais mais ont un petit arrière-goût de déjà entendu quelque part. Les refrains ne se démarquent pas vraiment et justifient le côté "Américain" que j'ai mentionné plus haut. Un titre sympathique et sans prise de tête mais qui ne marquera pas les esprits.

La fin se rapproche avec Hot for Love. Nous sommes en présence d'un morceau rapide, encore plus que Locked In. Rob Halford se fait encore le meneur de la bande, les autres suivent comme il faut derrière. Les couplets sont cependant moyens mais les pré-refrains relancent un peu plus énergiquement la chanson tout en restant très classique. Les refrains sont sans grands enchaînements et c'est bien qu'il fait défaut. Et c'est bien dommage car ce titre aurait pu être mieux exploité et donc d'un meilleur niveau.

Encore un album, une page d'Histoire qui se finit avec Reckless. L'intro débute avec un riff qui met en place un mid-tempo efficace renvoyant aux grandes heures du Hard. Les couplets sont prenants mais les refrains le sont encore plus. Bref que du bon dans ce titre qui n'a rien a envier aux Grinder ou Heading Out to the Highway. Le solo mise encore une fois sur l'efficacité pure et la rythmique est agréable. Un très bon morceau de Judas Priest qui ne sera malheureusement pas jouée en concert sur la tournée de l'album ni sur aucune autre tournée du groupe d'ailleurs, ce que pas mal de fans veulent. Turbo est achevé sur une excellente note.



Considéré comme un album inférieur aux autres et comme une sorte de trahison par les fans de Screaming for Vengeance ou de Defenders of the Faith, Turbo a le mérite d'explorer des territoires encore inconnus dans le répertoire de Judas Priest. Malgré des titres comme Turbo Lover, Rock You All Around the World ou Out in the Cold, l'album est un des plus sous-estimé de leur discographie même si il s'est bien vendu. Tout n'est pas parfait sur cet opus à l'image de et surtout Parental Guidance ou de Hot for Love qui marquent une certaine tendance à lorgner vers la niaiserie pour le premier ou une certaine facilité pour le second. Tout de fois, Judas Priest reviendra en 1988 avec le fameux Ram It Down, album qui sera lui aussi sous-estimé avec pourtant un retour vers un Heavy Metal cinglant, poignant et fédérateur notamment la chanson titre.


The Razor's Edge